Louis-Fabrice Latour, président du directoire de la Maison Louis Latour et onzième génération à la tête de l’entreprise familiale, s’est éteint dans la nuit du 5 au 6 septembre 2022 à l’âge de 58 ans. Portrait d’un homme qui a tant fait pour la Bourgogne.
C’est un bien bel hommage que la Bourgogne et le monde du vin ont rendu à l’un de ses plus fervents protecteurs. En novembre dernier, lors de la 162 vente des vins des Hospices de Beaune, la mémoire de Louis-Fabrice Latour a été honorée au moment (très attendu) de la mise aux enchères de la prestigieuse pièce des présidents : la cuvée de corton grand cru, symbole de l’attachement du négociant à cette colline, fut proposée dans un fût fabriqué par la tonnellerie de la maison Latour. Et finalement, ce sont les deux maisons beaunoises Joseph Drouhin et… Louis Latour, avec le soutien de la Fédération des négociants éleveurs de Grande Bourgogne (FNEB), qui ont acquis cette pièce de charité pour la somme de 810 000 euros. À l’issue des enchères, portées avec brio par le duo formé par Benoît Magimel et Flavie Flament, l’épouse de Louis- Fabrice Latour, Patricia, s’est félicitée avec émotion de cette vente record. « C’est le plus bel hommage possible rendu à Louis-Fabrice. Je pense avoir été exaucée et suis heureuse que la Maison Louis Latour y ait participé aux côtés de nos amis de la Maison Joseph Drouhin, avec laquelle elle a acheté la pièce de charité. Le fait que les autres maisons de négoce se soient unies afin d’ajouter les 110 000 euros manquants pour atteindre le record absolu de cette vente est hautement symbolique pour moi. Elles marquent ainsi leur soutien à une cause qui nous a personnellement beaucoup touchée, Frédéric comme moi : l’enfance en souffrance en France et dans le monde (et plus particulièrement les enfants atteints de cancer). Mais il s’agit aussi d’un geste envers Louis-Fabrice, qui a tant marqué la Bourgogne et l’interprofession : j’y suis extrêmement sensible et les en remercie. »
« Il représentait parfaitement l’esprit familial de la maison Louis Latour. » – Fabrice Jacquet, membre du Directoire.
Par amour de la Bourgogne
« Un Latour doit être né à Beaune », répétait-il avec un brin de malice. Lui qui avait vu le jour au milieu des rangs de vigne de la Côte en 1964, était devenu en 1999 le digne représentant d’une dynastie de onze générations. Fabrice Jacquet, membre du directoire de la maison depuis plus de 40 ans, se souvient avant tout d’un homme féru d’histoire, fan de football à ses heures perdues, excellent orateur. Et surtout de quelqu’un de profondément humain. « Nous avons perdu une grande personnalité de la Bourgogne. Sa porte était toujours ouverte et tout le monde pouvait aller le voir. Il était là au quotidien, très attentif à son personnel. Il représentait parfaitement l’esprit familial de la maison Louis Latour. » Très attaché à cet héritage familial, vieux de plus de deux siècles, il était devenu, au fil des années, l’artisan d’un formidable développement, bien au-delà des frontières bourguignonnes – en Ardèche, dans le Var, le Beaujolais et l’Yonne. Même Cédric Klapisch était tombé amoureux de ses domaines quand il avait posé ses caméras en terre côte-d’orienne pour son film Ce qui nous lie entre 2015 et 2016.
Président de la FNEB, du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) et de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS), Louis Fabrice fut un véritable moteur pour l’interprofession et la valorisation du territoire bourguignon. « Un trait de caractère et des convictions qu’il tenait de son père », souligne Fabrice Jacquet. De Louis- Fabrice Latour, nous garderons en mémoire ce dernier sourire à l’ombre de la croix de Charlemagne qu’il avait fait redresser en mai dernier sur la colline de Corton. Une dernière belle image pour une région qu’il a tant aimée.