Membre du réseau GPA Casques bleus Bourgogne-Franche-Comté, le Groupement de Prévention Agréé de Côte-d’Or (GPA 21) vient en aide bénévolement, et de façon bienveillante, aux chefs d’entreprise dans la résolution de difficultés économiques, sociales, financières, juridiques ou relationnelles.
Décideur. GPA 21 est un dispositif de « main tendue » de chefs d’entreprise vers d’autres chefs d’entreprise. Quelles sont vos principales missions ?
Rémy Seguin. Tout d’abord, il faut savoir que le Groupement de prévention agréé n’est pas une vue de l’esprit côte-d’orienne. Il s’agit d’une émanation et de la bonne utilisation d’un article du Code du commerce (article 611.1) qui prévoyait la mise en place de structures face aux difficultés des entreprises. Nous avons un fondement juridique qui explique que des GPA peuvent être constitués et auxquels des entreprises peuvent adhérer si elles ont besoin d’être assistées pour bénéficier d’aides et d’analyses de la part de leurs pairs. À partir de ce cadre, plusieurs GPA ont été mis en place en France, dans de nombreux départements. C’est le cas en Côte- d’Or, où notre structure a vu le jour à l’initiative de la CPME, très vite ralliée par le MEDEF. Nous offrons notre aide et nos analyses à des entrepreneurs qui nous sollicitent quand ils rencontrent diverses problématiques.
Quels genres de problématiques ?
Principalement, il s’agit de difficultés financières, mais cela peut-être dans n’importe quel domaine. Nous pouvons les aider à trouver leur marché, dans leur développement, face à des problèmes de RH, pour tout sujet juridique, de management, de comptabilité… C’est un dispositif de main tendue, qui s’appuie sur environ 35 bénévoles issus de formations diverses et proposant des expertises différentes – notaires, experts-comptables, avocats, entrepreneurs expérimentés, complétés de partenaires privés et institutionnels, dont le Conseil Départemental de la Côte-d’Or, sur lequel nous nous appuyons pour régler les problèmes sociaux qui peuvent survenir lors de nos consultations. L’idée est ensuite de mettre en place un binôme de compétences adapté à la problématique et à l’entreprise.
Pour un chef d’entreprise, il est souvent difficile d’exposer ses difficultés. Le sujet reste tabou. Comment permettre une ouverture de la parole ?
Cela passe par l’importance du rapport humain. Avant de nous occuper d’une entreprise, nous nous occupons d’abord d’un homme ou d’une femme. Un chef d’entreprise qui va mal, c’est, par extension, une entreprise qui va mal. L’un de nos piliers, c’est l’écoute et l’empathie, car nous ne sommes pas là pour juger les personnes qui viennent nous voir. Cela va bien au-delà du simple cadre de travail. Nous assurons la confidentialité et la gratuité à toutes les structures que nous suivons. En 2023, nous avons accompagné environ 25 entreprises. Actuellement, nous recevons un appel par semaine.
Nous voulons rendre à l’économie ce qu’elle a pu nous donner. Rémy Seguin, président de GPA 21.
Vous êtes donc souvent en contact avec les chefs d’entreprise du département. Quelles sont les principales difficultés auxquelles ils font face ?
Nous retrouvons souvent des problèmes financiers, liés à la conjoncture post-Covid : le remboursement du prêt garanti d’État (PGE), la hausse du coût de l’électricité… Je constate parfois un manque de combativité dans certaines structures. Auparavant, les chefs d’entreprise étaient prêts à se sacrifier pour sauver leur entreprise. Cela peut être compris comme un problème de baisse de motivation générale, comme nous constatons une certaine démobilisation face aux questions de recrutements. Les difficultés de recrutement sont en effet nombreuses, et aggravées peut- être par une volatilité accrue des nouvelles générations qui entrent sur le marché du travail. La vraie plus-value de GPA, c’est qu’il n’y a rien de mieux qu’un chef d’entreprise pour comprendre un autre chef d’entreprise.
Finalement, à partir de quand faire appel à vous ?
Avant qu’il ne soit trop tard ! Dès que les premières difficultés commencent à surgir, il faut appeler GPA pour commencer à analyser la situation ensemble. Il ne faut pas attendre de toucher le fond ou l’état de cessation de paiement. Mais il faut être conscient qu’il s’agit d’une démarche volontaire de la part du chef d’entreprise. Nous concluons ensuite une convention avec lui afin de lui garantir une totale confidentialité. De son côté, il se doit d’être transparent envers nous. Et si nous n’avons pas la compétence pour certaines de ses problématiques, nous saurons lui faire prendre la bonne orientation grâce à notre réseau de partenaires. Notre structure régionale « GPA Casques bleus » bénéficie d’un agrément préfectoral, ce qui nous donne une totale légitimité. Notre premier interlocuteur, c’est l’État. GPA 21 n’est pas seule, mais bénéficie d’une autonomie dans son département. Nous souhaitons mettre les syndicats patronaux et les clubs d’entreprises à contribution pour entamer une relation productive au profit des structures en difficulté.
Pourquoi ce choix de vous investir dans une forme de réciprocité en venant en aide aux entreprises ?
Nous-mêmes, bénévoles de GPA 21, avons pu connaître la solitude du manager et nous n’avions pas forcément pu nous faire aider. L’idée est de proposer l’aide et l’expertise dont nous aurions aimé bénéficier au cours de nos carrières. Nous voulons rendre à l’économie ce qu’elle a pu nous donner. C’est un acte de solidarité, tout simplement.
Le parcours GPA 21
La prise de contact : la saisie du GPA 21 doit se faire dès l’apparition des premières difficultés, quelles que soient leur origine, afin de faciliter la mise en œuvre de solutions efficaces.
La mise en oeuvre : après avoir évalué la situation, un coordinateur désigne un binôme de référents GPA 21 chargé :
- De rencontrer le dirigeant,
- D’établir un diagnostic de la situation et de la problématique.
L’objectif sera alors d’établir, conjointement avec le chef d’entreprise, un plan de sortie des difficultés : - En mobilisant si besoin le réseau de partenaires,
- En intervenant auprès des institutionnels, impôts, Urssaf, État…
- En offrant au dirigeant un cadre de réflexion et de soutien apaisé susceptible de lui permettre de garder l’initiative de ses décisions.
La fin de la mission : la mission prend fin de plein droit :
- par la volonté de l’entreprise accompagnée ;
- par la mise en place d’un plan d’action et sa résolution ;
- par l’accompagnement vers le tribunal de commerce et l’ouverture d’une procédure amiable ou collective ;
- par décision du GPA 21 s’il constate un non-respect des obligations de chacune des parties, telles que définies par la charte.
GPA 21 contact@gpa-21.fr ; 09 71 05 73 39 ; gpa-21.fr