Opéra de Dijon : quand l’entreprise se lie à la culture

Rédigé le 03/02/2023
par Patrice Bouillot

L’Opéra de Dijon et les entreprises ont des choses à se dire et à faire ensemble. C’est la conviction de la direction de cette maison d’opéra qui programme aussi musique, danse ou arts du cirque et se met en capacité d’accueillir le monde économique dans ses deux salles.

L’Opéra de Dijon peut être considéré comme la plus importante structure culturelle de Bourgogne-Franche-Comté, avec un budget annuel de 11 millions d’euros, deux salles totalisant 2400 places et 57.500 spectateurs accueillis pendant la saison 2018-2019 – la dernière à n’avoir pas été perturbée par la crise Covid, qui avait fait chuter la fréquentation à moins de 7000 personnes en 2020-21 avant une remontée à 54.400 en 2021-22. Les retombées de l’activité de l’Opéra, sur la base d’une étude du syndicat professionnel Forces Musicales datant de 2018, peuvent être évaluées à 1 euro injecté dans l’économie régionale pour chaque euro de subvention versée, et à 1,20 euro dépensé dans l’hôtellerie, la restauration et le commerce local pour chaque euro dépensé en billetterie. Elles sont donc significatives puisque, chaque année, l’Opéra perçoit plus de huit millions d’euros de subventions, principalement de la ville de Dijon, mais également du ministère de la Culture et de la Région. Les recettes propres de l’établissement, en particulier la billetterie qui pèse pour 10% du budget et le mécénat et les partenariats pour 1,5%, représentent un cinquième du budget.

« L’entreprise culturelle vit donc sur un modèle économique très spécifique, explique Bruno Hamard, directeur général délégué de l’Opéra de Dijon. Nous travaillons avec des contraintes fortes car nous vendons peu cher des spectacles qui, par nature, coûtent cher compte tenu du nombre d’artistes qu’ils mobilisent : il peut y avoir près d’une centaine d’artistes sur le plateau entre les musiciens d’orchestre, les choristes, les solistes et les figurants. De plus, nous sommes principalement une maison de création et nous mettons donc en vente des spectacles dont nous ne savons pas toujours à quoi ils ressembleront, décors et costumes n’ayant pas encore été conçus au moment de la commercialisation qui a lieu plus d’un an avant les représentations. C’est de fait un fonctionnement très atypique pour une entreprise qui nécessite une grande confiance tant de la part de nos financeurs publics et privés que de la part de nos spectateurs. »

« Notre vocation, c’est de créer du lien sur le territoire. Par exemple, entre les créateurs et les entreprises » – Bruno Hamard, Directeur général délégué de l’Opéra de Dijon

Opéra de Dijon : quand l'entreprise se lie à la culture
Bruno Hamard, directeur général délégué de l’Opéra de Dijon

Ce mode de fonctionnement propre à l’Opéra oblige celui-ci à développer un fort projet d’entreprise, à donner du sens à sa mission, à se positionner comme un acteur du territoire qui dépasse son strict rôle d’offreur de culture. « Notre vocation, c’est de créer du lien sur le territoire, souligne Bruno Hamard. Du lien par exemple entre les créateurs et les entreprises, qui souhaitent aujourd’hui, de plus en plus, aller au-delà du service qu’elles rendent ou du produit qu’elles fabriquent. Qui souhaitent elles aussi donner du sens, créer des moments pour leurs collaborateurs, leurs clients, leurs partenaires. » D’où la stratégie de partenariat déployée par l’Opéra de Dijon en direction du monde économique. Un partenariat qui peut se traduire par l’organisation de temps réservés, à l’occasion d’un spectacle, par la privatisation ou la location d’espaces à l’auditorium (de 10 à 1500 personnes), mais aussi par l’entrée dans le club des mécènes. « Nous avions engagé une politique de partenariat importante, avec des entreprises qui nous sont fidèles, souligne le directeur général délégué. Le Covid a marqué un temps d’arrêt. Mais aujourd’hui nous sommes en mesure de proposer aux acteurs économiques du territoire une large palette d’offres. »

La politique menée par Dominique Pitoiset et Bruno Hamard, arrivés en janvier 2021 à la direction de l’Opéra, favorise le développement de ces liens avec le monde économique. À deux titres au moins. Tout d’abord grâce à la diversification de l’offre de spectacles. « Notre programmation est ouverte à de nombreuses formes d’expression, qui peuvent répondre aux attentes des entreprises. L’art lyrique reste notre colonne vertébrale, avec six opéras par an, mais nous redéveloppons la musique symphonique avec au moins un concert par mois d’une grande phalange, nous introduisons la danse, les arts du cirque, nous proposons toutes les formes, du récital au concert symphonique, et nous abordons toutes les époques, du baroque au contemporain. »

D’autre part, des travaux importants sont menés dans les deux salles de l’Opéra, qui permettront l’accueil des publics dans de meilleures conditions. L’auditorium est unanimement considéré comme l’une des meilleures salles de concert du monde – n’ayons pas peur des mots, les artistes eux-mêmes en conviennent volontiers, qu’ils se nomment Renaud Capuçon, Katia et Marielle Labèque ou John Eliot Gardiner, tous à l’affiche cette saison. Mais la grande salle de répétition envisagée dans le projet initial à la fin des années 1990 n’a jamais été construite. Pour rendre possible le travail des artistes tout en maintenant l’accueil du public dans la grande salle, la transformation d’une ancienne réserve permet de créer cet espace de travail indispensable. Au Grand Théâtre, après la transformation des espaces en coulisses, la réfection de la salle, la mise en accessibilité du bâtiment et l’aménagement du foyer pour l’accueil d’activités pédagogiques contribueront à refaire de ce lieu un espace culturel vivant au cœur de la ville. Un espace à investir aussi pour les entreprises.

Aperçu de la programmation 2023

Auditorium / Place Jean-Bouhey à Dijon
Grand Théâtre / Place du Théâtre à Dijon
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