Habitué aux bulles de sa Champagne natale, Pierre-Emmanuel Taittinger, Président d’honneur de la maison éponyme, n’en demeure pas moins un fervent amateur de Bourgogne. Lors d’un repas organisé par le Dijon Bourgogne Business Club, l’homme d’affaires nous a confié son obsession pour l’excellence et son affection profonde pour notre belle région.
Décideur. En janvier 2020, votre fille Vitalie a repris les rênes de la Maison Taittinger. L’esprit de famille semble avoir une grande importance pour vous…
Pierre-Emmanuel Taittinger. Avoir notre nom de famille sur une bouteille impose une responsabilité et une exigence de chaque instant. Cette signature incarne à la fois le savoir-faire du passé et l’engagement pour l’avenir. C’est en effet un engagement de chaque instant que je partage aujourd’hui avec mon fils Clovis et ma fille Vitalie, au sein de l’équipe dirigeante de la Maison. La complémentarité est notre plus grande force.
George Sand disait : « Le champagne aide à l’émerveillement. » Qu’en pensez-vous ?
C’est une belle formule ! Le champagne, c’est 300 millions de bouteilles dans un monde où l’on produit 5 milliards de bouteilles de vins effervescents. Nous sommes un peu l’élite des bulles, avec des caractéristiques extrêmement précises. C’est dans cette région, marquée par des batailles depuis le IIIe siècle, que nous élaborons le vin du bonheur, le vin de la réconciliation. C’est à Reims, en particulier, que la réconciliation entre l’Allemagne et la France s’est réalisée, sous l’autorité du général de Gaulle et du chancelier Konrad Adenauer. Il y a une sorte de mission divine autour du champagne. Après 50 ans de métier, j’aime dire que le champagne, c’est une cérémonie ; c’est un nœud papillon sur la vie.
Quelles relations entretenez-vous avec la Bourgogne ?
Nous entretenons une excellente relation, car, historiquement, nous sommes voisins de la Bourgogne. Nous utilisons souvent les mêmes cépages, comme le chardonnay et le pinot noir. Les terres de Bourgogne et celles de Champagne sont intimement liées depuis toujours. Les vins de Bourgogne ont une ancienneté remarquable, car ils sont célèbres depuis des siècles. En revanche, la Champagne n’a véritablement pris son essor qu’il y a trois siècles, lorsque nous sommes passés de producteurs de vins tranquilles à producteurs de vins effervescents. C’est ainsi que le champagne est né au XVIIIe siècle, à une époque où les vins de Bourgogne étaient déjà bien établis. Nous sommes donc frères par l’Histoire. J’aime dire que notre « Comtes de Champagne », notre cuvée spéciale, c’est un Chablis avec deux fermentations.
« J’ai également une immense admiration pour la Confrérie du Tastevin. C’est la plus belle confrérie du monde ». Pierre-Emmanuel Taittinger, président d’honneur du champagne Taittinger
Un coup de cœur pour l’un de nos vins ?
J’aime beaucoup les Montrachet, ainsi que le Pinot noir. Nous avons d’ailleurs une entreprise en Californie, où nous produisons des vins effervescents et du Pinot noir. J’ai également une immense admiration pour la Confrérie du Tastevin. C’est la plus belle confrérie du monde, l’exemple absolu qui surpasse tous les autres. Je n’ai aucune honte à le dire. Chaque fois que j’ai eu l’occasion de m’y rendre, cela a été un moment marquant de ma vie, tant sur le plan personnel que professionnel.
Tisseur de lien
Lancé en décembre 2023 par Richard Rudelle, le Dijon Bourgogne Business Club (DBBC) incarne l’esprit d’innovation et de collaboration au cœur de notre région. Intégré au réseau des Business Clubs initié par Olivier Talbert, il représente le 45e chapitre de cette aventure entrepreneuriale à l’échelle nationale.
Chaque mois, les membres du DBBC se retrouvent dans le cadre somptueux du Grand Hôtel La Cloche de Dijon pour des déjeuners pas comme les autres. Ces rencontres, où la convivialité se mêle au business, offrent l’occasion de discuter de nouvelles idées, de nouer des contacts précieux et de bâtir des partenariats solides. Imaginez des leaders venus de secteurs industriels variés, échangeant autour de sujets brûlants avec des invités prestigieux tels que Jérôme Kerviel, l’ancien trader au parcours tumultueux, ou encore Jean-Michel Fauvergue, l’ex-patron du RAID qui partage son expérience en matière de leadership sous pression.
Mais ce qui distingue vraiment le DBBC, c’est cette alchimie unique entre diversité sectorielle et objectif commun : le développement. Ici, chaque secteur d’activité trouve sa voix et chaque déjeuner devient une opportunité de plus pour faire grandir son entreprise. Un club où l’on ne se contente pas de parler affaires, mais où l’on façonne l’avenir.
Dijon Bourgogne Business Club
rrudelle@club.dbbc.fr
0687168782 / www.dijon-bourgogne-business-club.fr
Texte : Quentin Scavardo / Photographie : Edgar Charchaude, Jonas Jacquel