Accompagner les artisans pour les aider à s’adapter aux grandes mutations du monde économique. En voilà un beau projet. Pour Sébastien Thomas, vice-président de la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) de région Bourgogne-Franche-Comté, l’ambition est grande : permettre aux entreprises de la région d’opérer la transformation de leurs pratiques et d’assurer la pérennité de leurs activités. Portrait d’un élu engagé.
Quand il devient président de la Chambre de métiers et de l’artisanat de la Nièvre en 2020, Sébastien Thomas perçoit déjà les premiers signes du changement dans le fonctionnement de l’économie locale. « Depuis 2020, je suis tenté de dire que tout a changé, commence-t-il. Les entreprises ont changé, leur forme et leur manière de fonctionner ont changé, le cadre dans lequel nous évoluons n’est plus le même. »
Désormais, avec l’augmentation du nombre de nouvelles auto-entreprises, le contexte post-Covid et le renchérissement des matières premières et de l’énergie, il est fermement convaincu que poursuivre les anciens schémas de développement n’apportera pas les résultats attendus. Également dirigeant d’Énergie 2000 Plus, une entreprise de plomberie-sanitaire-chauffage à Cosne-Cours-sur-Loire, Sébastien Thomas envisage de diversifier son activité. « On développe le photovoltaïque, pour lequel nous avons obtenu l’habilitation. C’est le début d’une prise de conscience plus globale », explique-t- il. Le chef d’entreprise, qui emploie 28 collaborateurs depuis 2010, pose ainsi un regard neuf sur la question de la responsabilité. « Pour moi, la RSE, c’est faire attention à nos équipes ; faire attention à notre environnement ; faire attention à nos clients, afin qu’ils gardent l’interlocuteur de proximité comme premier réflexe », soutient le dirigeant.
Pour aider à « faire attention », la Chambre de métiers et de l’artisanat de région Bourgogne-Franche-Comté assiste les entreprises dans leur transformation. « Il y a désormais celles qui prennent conscience du caractère inéluctable du changement climatique et qui adapteront nécessairement leur activité, et celles qui fermeront les yeux et qui auront de grandes dicultés pour la suite », constate-t-il. Un conseil s’impose alors : rester léger, adaptable et agile, pour savoir rebondir au moindre changement.
La preuve par l’exemple : Camille Sauvanet, artisane engagée
Dix-sept ans, Camille Sauvanet commence ses études à Besançon. Un parcours sans faute pour la coiffeuse et gérante en devenir. Un bac pro en école de coiffure privée, un certificat d’aptitude professionnelle (CAP) puis un brevet professionnel (BP) en apprentissage. En 2017, elle termine par un brevet de maîtrise (BM) avec la Chambre de métiers et de l’artisanat, qui lui confère la plus haute distinction dans le domaine de l’artisanat : le titre de maître artisan. Grâce à ce dernier, elle valorise la qualité de son savoir-faire et son engagement dans la promotion de l’artisanat. L’engagement, une notion que Camille connaît bien quand elle reprend, il y a quatre ans, du haut de ses 26 ans, le salon de Baume-les-Dames. « Vous savez, quand on commence dans le monde de l’entreprise, on se jette dans le vide. »
En plus de mettre des couleurs dans la vie des gens, Camille a instauré des pratiques qui s’inscrivent dans le développement durable. La jeune cheffe d’entreprise a obtenu en 2022 le label « Salon Exempl’Hair », délivré par la Chambre de métiers et de l’artisanat et soutenu par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse (établissement public de l’État). Dans le Doubs, 25 salons seulement portent ce label qui marque les coiffeurs engagés vers la transition écologique. À L’Atelier Coiffure, c’est tri sélectif obligatoire, vigilance accrue sur la consommation d’eau, éclairages Led, couleurs recyclables et arrivée progressive d’une gamme de produits végans. « Je donne aussi des sacs de cheveux à des agriculteurs et à des clients : c’est de l’agroécologie en circuit court ! L’odeur humaine repousse les cerfs et les chevreuils des sapinières, ou tout simplement les rats dans les greniers. » Avec Camille Sauvanet, on coupe les cheveux en quatre pour un mieux-vivre collectif.
« Je donne aussi des sacs de cheveux à des agriculteurs et à des clients : c’est de l’agroécologie en circuit court ! » Camille Sauvanet, gérante de l’Atelier Coiffure.
Accompagner les « artisans de la nouvelle économie »
Les conseillers en transition écologique et énergétique de la Chambre de métiers et de l’artisanat proposent aux artisans de la région des visites « énergie » en entreprise : étude des process et des locaux, pratiques, contrats et factures d’énergie. À l’issue, le conseiller remet un rapport d’analyse, associé à des préconisations et conseils, afin de diminuer les consommations. Ces visites « énergie » sont dispensées par la chambre et financées par l’Ademe et la région Bourgogne-Franche-Comté. Pour être rappelé : artisanat-bfc.fr/contact