C’est l’une des plus belles success story de ces 20 dernières années. En 2000, un jeune gars de Champigny-sur-Marne, producteur de hip hop à la tête d’une marque de streetwear, débarque en Haute Côte-d’Or sous le regard un peu méfiant de certains autochtones. Deux décennies plus tard, avec son groupe ALM International, il est devenu un entrepreneur reconnu et incontournable de la région. Un homme discret, voire un peu secret, qui a néanmoins accepté de révéler un peu de sa vie à Décideur.
Son groupe : ALM international
C’est le grand spécialiste et référent de l’importation de produits chimiques en direction de l’Afrique subsaharienne, où il peut compter, sur l’ensemble du continent, sur un réseau de 200 personnes. Si ALM International a encore des bureaux à Paris, c’est bien à Semur-en-Auxois que Sami Ayad a choisi d’installer le siège, où travaillent près de 50 collaborateurs. Pour beaucoup d’ex-Parisiens qu’il a convaincus des vertus de la vie en plein cœur de l’Auxois. Et ce bien avant l’arrivée du Covid. « Je leur ai expliqué avec sincérité que c’était un environnement autrement plus agréable que la région parisienne pour faire grandir ses enfants ! Et pour le prix d’un T2 de banlieue, ils profitent d’une belle maison avec jardin. »
Du fait du développement rapide de l’entreprise, les équipes d’ALM sont déjà un peu à l’étroit et Sami Ayad vient de décider de construire un nouveau siège. Il faut dire que les travaux ne lui font pas peur, lui qui est devenu un investisseur immobilier incontournable et courtisé. « Cela nous permettra de diversifier nos activités et de créer une offre d’appartements digne de ce que mérite Semur. Et c’est bien sûr rassurant pour nos partenaires bancaires, qui ont ainsi la preuve que nous sommes durablement ancrés ici. »
Sa madeleine de Proust : Cumpaz
Dans les années 1990, il devient un des pontes du streetwear avec sa marque Cumpaz. Une réussite qui pose vite des problèmes de logistique. « On manquait de place et le prix de l’immobilier devenait déjà délirant à Paris… » La cité de Buffon coche alors toutes les bonnes cases : « Proximité de la capitale, le long d’une autoroute, proche d’une gare TGV ». Sami installe donc sa plateforme logistique et en profite pour ouvrir un magasin d’usine. « La marque était fortement connotée “culture urbaine”, ce qui faisait encore un peu peur à l’époque… Quand certains ont vu débarquer des quatre coins de la France des “lascars”, cela a parfois un peu dérangé dans le landerneau », se souvient-il.
Quand en 2003, il comprend que la grande distribution prend la main sur le marché du streetwear, il ne s’accroche pas et décide de mettre la marque entre parenthèses. « Il ne faut jamais mettre d’ego dans le business. » Le phénomène du vintage permet à la marque de revivre avec des séries très limitées. « Pour le plaisir, car je n’ai pas le temps de m’en occuper. C’est un peu dommage, Il y a une demande… ce pourrait être une jolie mission pour mes enfants si le cœur leur en dit. »
Son bar-restaurant : la Rumeur
Si le tout Semur s’y retrouve, le vaste bar restaurant situé en plein cœur de la prestigieuse rue Buffon attire aussi jusqu’à 40 kilomètres autour de la ville. « Nous étions nombreux à chercher un établissement de ce type dans l’Auxois. Alors comme il n’existait pas, on l’a créé », s’amuse Sami Ayad. Une déco décalée où cohabitent mobilier chic, affiches de blockbusters et graffitis. Une proposition un poil décalée qu’on imaginerait plus dans une grande ville que dans le cœur historique de Semur.
Un restaurant très couru qui se transforme en bar, la nuit venue, et où il est possible de privatiser un étage complet. À la tête de l’établissement depuis l’an dernier : son fils Shadi, 21 ans. « Je suis fier de lui. Il a tout fait. De la plonge au service en salle en passant par le bar. Et même second en cuisine. » À l’image du père, Shadi a la tête bien sur les épaules et n’oublie pas que « l’essentiel est dans l’assiette ». « Avec une priorité donnée aux produits locaux. » Une cuisine qui se veut généreuse, avec des incontournables comme les déclinaisons de burgers maison ou le tataki de bœuf – notre coup de cœur.
Ses origines : franco-libano-sénégalaises
Ce n’est pas courant mais Sami Ayad possède une triple nationalité. Français du côté sa mère, Libanais de son père et Sénégalais car né à Dakar en 1973. « C’est un cadeau de la vie. Un privilège. » Si Sami rappelle son amour de la France et de l’Afrique, il ne cache pas que son ADN libanais l’aide dans son approche des affaires : « À l’image de mon grand-père, qui s’était installé au début du XXe siècle au Sénégal,
Son refuge : l’atelier de l’artiste Jérôme Laureau
Le jardin secret de Sami Ayad se cache dans un petit village sur les hauteurs de Semur-en-Auxois. « C’est ici que je parviens à me ressourcer car il est coupé de toute influence du monde extérieur. C’est le point zéro. Un espace privilégié comme celui-ci, je le souhaite à tous les chefs d’entreprise car cela permet de revenir à l’essentiel. Au-delà du fait que Jérôme est mon ami, il devient, lors de moments de fatigue, de doute, ou encore à l’aube de grandes décisions, mon conseiller. Un peu comme un sage. » Un peintre reconnu et charismatique mais aussi très discret. « Pour créer quelque chose d’honnête et d’authentique, il faut aller au fond de soi et savoir se mettre en retrait. Avec un seul but : la cohérence. »
Ou quand une philosophie artistique se met au service du parcours réussi d’un « serial entrepreneur » comme Sami Ayad quand on arrive dans un pays, on l’adopte, on le respecte et, si on peut devenir un intervenant économique crédible et utile, alors on s’investit à fond. Cette approche et le fait que je m’appuie de manière assumée sur cette diaspora libanaise fortement présente et intégrée en Afrique subsaharienne a permis de faire d’ALM International ce qu’elle est. » Franc et direct… Du Sami Ayad pur jus.
Sa passion : le MMA
Il a créé la première salle de sport de Semur. Mais qui, à part lui, aurait pensé installer, juste au-dessus, une véritable cage de MMA ? Un outil qui permet de former et d’accompagner des athlètes vers le plus haut niveau. Notamment Johan Georget, le numéro 1 français ceinture bleue de la Confédération française de jiu-jitsu brésilien. « Ses objectifs sont très élevés avec, cette année, ses participations aux championnats de France et d’Europe ». Un Semurois champion continental, cela aurait de la gueule, non ?