Dossier OIV (3/5) : La Renaissance

Rédigé le 02/10/2024
par Quentin Scavardo

Comme un cep oublié qui renaît au printemps, Dijon renoue, depuis une dizaine d’années, avec son prestigieux passé viticole et son vignoble « disparu ». En 2013, le rachat du plateau de la Cras, dont le domaine éponyme de huit hectares, par la collectivité a marqué un tournant. Dès lors, ce sont plus de 50 hectares de vignes qui ont été plantées, principalement à Dijon (dans le secteur de la Rente Giron et du côté des Valendons), ainsi qu’à Corcelles-les-Monts, Plombières-lès-Dijon et Talant, sous l’impulsion des élus de la métropole. Une trentaine d’autres est en cours de plantation.

Jean-Luc Theuret, président de l’Association des Vignerons du Bourgogne Dijon (AVBD), préfère parler d’éclipse que d’oubli. « Pendant une quinzaine de siècles, Dijon produisait des vins de très grande renommée, des vins qui rivalisaient, voire surpassaient, ceux de Gevrey ou de Vosne-Romanée. Aujourd’hui, nous souhaitons renouer avec cette Histoire prestigieuse. » Avec une trentaine de vignerons de la côte dijonnaise, Jean-Luc Theuret voit grand : « L’objectif est de ramener d’ici dix ans une centaine d’hectares de vignes pour la métropole. » Et surtout de tout faire pour que Dijon ait enfin le vin qu’il mérite.

Objectif Bourgogne Dijon

L’année 2022 a marqué une étape importante pour les vignerons de Dijon. L’AVBD a déposé un dossier de candidature pour la création d’une nouvelle dénomination géographique complémentaire : le « Bourgogne Dijon ».

« Le sol et le climat de notre région sont parfaitement adaptés à la culture de la vigne ». Jean-Luc Theuret, Président de l’association des Vignerons du Bourgogne Dijon.

Ce dossier a été transmis à l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) en octobre 2022. Déjà validé au niveau régional, il est prévu qu’il passe à l’échelon national en novembre 2024. La prochaine étape ? Une commission d’enquête qui soumettra son rapport à l’INAO. « Vu la solidité de notre dossier, mais aussi la qualité des vins qui sont produits sur ces terroirs métropolitains en continuité géologique de la côte de Nuits, je suis très confiant, même si je sais qu’il y a loin de la coupe aux lèvres dans ce domaine en particulier », explique François Rebsamen, maire de Dijon et président de Dijon Métropole.

Dans le monde de la vigne, la patience est mère de vertu, et Jean-Luc Theuret, président de l’AVBD, le sait bien. Sans s’avancer sur une date précise pour l’obtention de cette appellation, il préfère aborder l’avenir sous le prisme de l’optimisme. « Toutes les conditions sont réunies, que ce soit d’un point de vue historique, géologique, pédologique, et même économique. Le sol et le climat de notre région sont parfaitement adaptés à la culture de la vigne. Dans nos sous-sols, on retrouve la richesse de la Côte de Beaune et de la Côte de Nuits, avec des calcaires de Comblanchien, de Ladoix ou de Dijon-Corton », explique-t-il avec passion.

Les amateurs de vin commencent déjà à comparer les premières cuvées à ce qui se fait de mieux sur la Côte. « On me dit que les chardonnays rappellent les caractéristiques des Meursault. Quant aux pinots, ils offrent de belles similitudes avec les vins de la Côte de Nuits ». Et l’intérêt pour Dijon ne cesse de croître. Grâce à son rayonnement international, la capitale de l’historique Bourgogne est de plus en plus facile à situer sur une carte pour les amateurs de vin du monde entier. Mais il ne suffit pas de convaincre les experts de l’INAO. Il faut aussi séduire les consommateurs, et là encore, Dijon marque des points. « Les gens sont fiers d’acheter du vin dijonnais. Et avec la spéculation actuelle sur les Bourgogne, Dijon offre un excellent rapport qualité-prix, aux alentours de 20 euros. »

Dijon, forte de sa nouvelle dynamique et de son double héritage – gastronomique avec la Cité internationale de la gastronomie et du vin, et viticole avec les Climats du vignoble de Bourgogne inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco –, a su tirer son épingle du jeu. Autant de raisons qui ont participé à convaicre l’Organisation internationale de la vigne et du vin et ses cinquante États membres d’installer leur siège mondial à l’Hôtel Bouchu d’Esterno de Dijon.

Une pierre de Corton que l’on peut retrouver dans le sous-sol du domaine de Tumulus.