Pierre-Henri Deballon est le nouveau propriétaire et président du DFCO. L’entrepreneur dijonnais de 41 ans, fondateur de Weezevent, revient sur ses nouvelles fonctions. Au-delà des résultats sportifs, il évoque pour Décideur son ambition de créer l’événement — au sens propre comme au sens figuré. Entretien.
Décideur. Vous investir pour la ville qui vous a vu grandir et où vous avez développé vos premiers projets, cela vous paraissait une évidence ?
Pierre-Henri Deballon. En effet, dans cette aventure, il y a d’abord la réalisation de ce rêve d’enfant en tant qu’amateur de sport et de football, mais aussi l’envie de rendre la pareille à un territoire que j’aime profondément. Il m’aurait été inconcevable de mener un tel projet dans une autre ville que Dijon. Mes premiers souvenirs de sport remontent sûrement à l’époque où j’allais au Palais des Sports avec mon père pour voir jouer la JDA ou le Cercle Dijon Bourgogne (l’ancêtre de la JDA Handball). C’est une belle manière de redonner à la ville ce qu’elle m’a offert.
Y a-t-il des différences entre être directeur général d’une grande entreprise comme Weezevent et être président du DFCO ?
La première différence est davantage psychologique que liée au rôle en lui-même. D’un côté, j’ai créé Weezevent, tandis que, de l’autre, j’ai repris le DFCO ; dans un cas, je n’ai de comptes à rendre qu’à moi-même, tandis que, dans l’autre, j’hérite d’une situation et d’une histoire, ce qui m’oblige. Je me sens responsable de la dynamique de tout un club. Une autre différence réside dans la situation économique : Weezevent est en très bonne santé, avec tous les indicateurs au vert, tandis qu’au DFCO la situation économique est plus complexe. Mais comme dans toute entreprise, chaque décision a des conséquences, et il est crucial de faire les bons choix.
« Mon objectif est que les supporters et partenaires soient fiers de l’équipe, au-delà des résultats. Je veux qu’ils soutiennent surtout les valeurs que ce club véhicule ». Pierre-Henri Deballon, propriétaire et président du DFCO
Étiez-vous préparé à cette nouvelle aventure ?
Je m’y étais assez bien préparé, mais la plus grande surprise est le temps que cela demande. C’est une charge de travail très importante et je ne veux pas être perçu comme un simple investisseur financier qui ne se présente même pas aux matchs. À l’image d’un manager d’entreprise, il faut être présent sur le terrain et « mouiller le maillot ».
Weezevent jouera-t-il un rôle au sein du DFCO ?
Tous les outils que nous fournissons à des clubs comme le Real Madrid ou le PSG seront intégrés au DFCO, que ce soit pour la billetterie ou le contrôle d’accès au stade. Nous envisageons également d’introduire de nouvelles technologies en avant-première, comme des distributeurs automatiques de bière pour fluidifier le service. Mais surtout, je compte apporter mon expertise dans l’événementiel au club. Il faut que chaque match soit un véritable événement.
En tant qu’acteur de l’événementiel, souhaitez-vous aussi redynamiser le stade Gaston-Gérard ?
Absolument. Il faut que le stade soit vivant, que les supporters arrivent une heure avant le match et repartent une heure après. Nous réfléchissons aussi à organiser d’autres événements, comme des concerts. C’est une réflexion à long terme. Aujourd’hui, nous accueillons déjà des événements business avec des entreprises qui louent le stade pour des présentations de produits, des conférences, des assemblées générales… Le centre de performances accueille aussi de nombreux événements partenaires, permettant de créer des ponts entre l’univers sportif et entrepreneurial.
Votre objectif est donc de lier ces deux mondes ?
Oui, c’est impératif ! Que l’on aime ou non le football, il offre une caisse de résonance extraordinaire. C’est le sport le plus populaire au monde et il peut permettre aux entreprises de se retrouver au cœur d’un lieu exceptionnel. Le sport crée des liens, et il faut réussir à créer des rendez-vous tous les 15 jours autour des matchs. Le problème, c’est que le football est souvent dicté par le score final. Mon objectif est que les supporters et partenaires soient fiers de l’équipe, au-delà des résultats. Je veux qu’ils soutiennent surtout les valeurs que ce club véhicule. Tous les joueurs qui composent l’équipe actuelle sont soit des personnes qui souhaitaient venir, soit des personnes qui ont choisi de rester.
Quelles sont vos ambitions à moyen et long termes avec le DFCO ?
Ma première ambition est de stabiliser le club et d’assurer sa viabilité. Ensuite, l’objectif est de faire remonter l’équipe en Ligue 2. Pour cela, nous nous donnons trois ans. Si nous y parvenons avant, ce ne sera que du bonus. Tous les rêves sont permis, mais je ne suis pas magicien. Ce qui est certain, c’est que je vais « mouiller la chemise » pour ce projet de territoire.
Texte : Quentin Scavardo / Photographie : Jonas Jacquel